L'automne n'est pas triste, l'automne est beau.
La preuve, regardez les arbres : en se dépouillant pour l'hiver, ils deviennent magnifiques de couleurs rouge et ocres.
Après la chaleur estivale, le monde semble se replier sur lui même, dans une sorte de préparation aux épreuves de l'hiver ; l'eclat disparait mais la couleur est plus nette.
Tout est en mi-teinte, et la nostalgie fait son apparition alors que la lumière décroit.
Pourquoi les feuilles changent-elles de couleur ? En été, la couleur verte vient de la chlorophylle. A l'automne, la chlorophylle est dégradée, démasquant d'autres pigments qui préexistent :
· le carotène : orange à rouge.
· le xanthophylle : jaune
· l'anthocyane : rouge, violet, pourpre.
(
http://www.lesarbres.fr/feuil-automne.php)
Complainte de l'automne monotone
(Jules Laforgue)
Automne, automne, adieux de l'Adieu !
La tisane bout, noyant mon feu ;
Le vent s'époumonne
À reverdir la bûche où mon grand cœur tisonne.
Est-il de vrais yeux ?
Nulle ne songe à m'aimer un peu.
Milieux aptères,
Ou sans divans ;
Regards levants,
Deuils solitaires
Vers des Sectaires !
Le vent, la pluie, oh ! le vent, la pluie !
Antigone, écartez mon rideau ;
Cet ex-ciel tout suie,
Fond-il decrescendo, statu quo, crescendo ?
Le vent qui s'ennuie,
Retourne-t-il bien les parapluies ?
Amours, gibiers !
Aux jours de givre,
Rêver sans livre,
Dans les terriers
Chauds de fumiers !
Plages, chemins de fer, ciels, bois morts,
Bateaux croupis dans les feuilles d'or,
Le quart aux étoiles,
Paris grasseyant par chic aux prises de voiles :
De trop poignants cors
M'ont hallalisé ces chers décors.
Meurtres, alertes,
Rêves ingrats !
En croix, les bras ;
Roses ouvertes,
Divines pertes !
Le soleil mort, tout nous abandonne.
Il se crut incompris. Qu'il est loin !
Vent pauvre, aiguillonne
Ces convois de martyrs se prenant à témoins !
La terre, si bonne,
S'en va, pour sûr, passer cet automne.
Nuits sous-marines !
Pourpres forêts,
Torrents de frais,
Bancs en gésines,
Tout s'illumine !
- Allons, fumons une pipette de tabac,
En feuilletant un de ces si vieux almanachs,
En rêvant de la petite qui unirait
Aux charmes de l'oeillet ceux du chardonneret.
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